Review of Das Boot (1981) by Broyax — 17 Dec 2017

Trois versions de Das Boot ont vu le jour : la courte, la longue (3 plombes et demi, moussaillon !) et l'extra-longue (5h mon garçon !) parce que quand on aime, on ne compte pas, mon gars ! et toutes les 3 sont excellentes, prolongeant à chaque fois un peu plus l'expérience de la vie des sardines dans leur boîte...

Une expérience forcément claustrophobique à l'un des (nombreux) moments-clés de la Seconde Guerre Mondiale, fin 1941 lorsque les loups silencieux ont mangé leur pain blanc et deviennent des proies, les proies de la Marine britannique équipée du sonar. L'un des tournants de la guerre évidemment et une lutte désormais perdue d'avance pour les sous-marins de la Kriegsmarine...

C'est bien sûr le film qui a fait connaître Wolfgang Petersen dont la réalisation précise et pointue comme une horloge restitue à merveille le calvaire des gars dans leur boîte de conserve. La tension et la peur, le sang-froid et l'espoir sont à couper au couteau sur ces visages tendus, de même que les moments fulgurants de l'attaque et de la fuite, ce jeu permanent du chat et de la souris.

Le film a révélé aussi Jürgen Prochnow en état de grâce ici qui campe un commandant à la fois désabusé et cynique, paternaliste et loyal jusqu'au bout... et délibérément optimiste et opiniâtre, un exemple et un phare pour ses hommes. Un vrai rôle de composition jusqu'à la fin, une fin qui offre au film un dénouement étonnant de maturité... et d'ironie.

Car Das Boot n'est pas que dramatique et stressant, il est aussi parfois drôle et toujours très humain, plus vrai que nature et réaliste jusqu'au bout des boulons. Bien sûr, les effets ont un peu vieilli pour une certaine partie d'entre eux (les maquettes...) mais au vu de son âge, Das Boot fait encore le boulot. On s'interroge également sur la musique électronique de Klaus Doldinger mais on finit par y adhérer à notre insu, son thème enquiquinant se montrant très efficace.

Il s'agit clairement d'un beau film de guerre dont la sincérité est touchante, sans aucune gloriole de bas étage, sans guimauve déplacée, sans effets de manches ou autre tour de passe-passe : c'est prenant, surprenant et d'un pacifisme intelligent.