Review of Ghost in the Shell (1995) by Broyax — 17 May 2017

Une adaptation fidèle à l'histoire du célèbre manga de Masamune Shirow mais qui propose sa propre interprétation, sa propre vision de son personnage principal : ainsi, on est passé d'une cyborg aux cheveux violets et aux yeux rouges à une cyborg brune aux yeux bleus... ça peut paraître trivial mais ça en dit long sur la réprésentation de l'héroïne par le réalisateur Mamoru Oshii.

Le reste est à l'avenant avec une Kusanagi qui reste Kusanagi bien sûr, mais dont la personnalité est sensiblement différente. Elle se pose ici bien des questions et n'est jamais à l'abri du doute à propos de sa condition, ce qui la rend beaucoup plus "humaine" que dans le manga ou dans les séries Stand Alone Complex, en raison même de son interrogation ontologique.

Oshii imprime également son style sur cette adaptation souvent introspective ; il multiplie les plans contemplatifs sur la musique splendide de Kenji Kawaï sans mettre de côté l'action pour autant quand il le faut... et lorsqu'on compare la somme des dialogues, bien qu'assez nombreux ici, à ceux des Stand Alone Complex et dérivés, on s'étonne de leur sobriété et de leur clarté dans le film !

Le film est certes court mais d'une belle densité et l'intrigue est bien déroulée, finalement davantage existentielle que politique, centrée entièrement sur notre super donzelle cybernétique.

Bref,on est ici dans une approche plus émotionnelle, plus proche des considérations d'un "ghost" et de ce qui fait un "ghost" (une âme...) ou non. Voilà qui est fascinant et en même temps la grande force de ce GITS qui n'a pas pris une ride.

Pour son âge, l'animation est très correcte voire même supérieure à ce qu'on pouvait voir à l'époque ; le film est resté assez joli également avec cette ville qui fait penser immanquablement à Hongkong.

Comme jadis, seul un détail me chiffonne toujours, à savoir le comportement du Major au dessus du tank... c'était bien plus cohérent dans le manga. Mais ça reste un "détail" qui ne doit pas faire oublier les immenses qualités de ce chef-d'oeuvre cyberpunk très personnel.